Eclairage – extrait de la Grande Encyclopédie (1886-1902)

Extrait de la Grande Encyclopédie (Berthelot – de 1886 à 1902) – Tome 15 – Eclairage

 

Théâtres, cafés et magasins. La lumière électrique se recommande tout spécialement dans les théâtres et grands magasins par ses avantages hygiéniques et la sécurité qu’elle procure. On sait qu’à Paris, à la suite de l’incendie de l’Opéra-Comique la plupart des théâtres ont adopté l’électricité. Ces installations exigent généralement un grand nombre de lampes. Aussi y-a-t-il souvent avantage à les munir de dynamos et de machines spéciales, même dans les villes où il existe des distributions d’électricité. Ces dernières en effet sont soumises à des frais généraux considérables, résultant des canalisations et des taxes municipales. Les moteurs employés doivent être aussi peu bruyants que possible, particulièrement lorsqu’ils sont placés dans les sous-sols d’un théâtre. On étouffe le bruit en tendant les parois de la chambre des machines de matelas de coton ou de laine ou en plaçant sous les fondations des machines des dalles en liège bitumé. Les théâtres exigent, tant au point de vue de la sécurité que des effets particuliers à produire, des dispositions spéciales. L’éclairage extérieur se fait avec des lampes à incandescence dont la teinte chaude convient mieux que celle des lampes à arc aux effets de décoration et de toilette auxquels nos yeux sont habitués. L’arc voltaïque est employé dans les péristyles et dans certains effets de scène, tels que l’éclairage des ballets.

Pour éclairer la salle, on installe souvent les lampes à incandescence sur les lustres et girandoles, autrefois aménagés pour le gaz. On peut les dissimuler dans des lustres à cristaux dont les facettes dispersent les faisceaux lumineux et produisent des jeux de lumière agréables. La lumière des lampes à incandescence peut être graduée s’il y a lieu pour produire des effets de crépuscule. La scène et les couloirs sont éclairés par les lampes à incandescence. L’éclairage de la scène est le plus compliqué de tous. On place d’habitude à la rampe une série de lampes fixes ; on suspend dans les herses, à la partie supérieure de la scène, plusieurs lignes de rampes dont en fait varier la hauteur suivant la nature des décors. Le courant est amené par des câbles flexibles enfermés dans des gaines de cuir, afin d’éviter que les frottements n’amènent l’usure des isolants et ne mettent les conducteurs à nu. Les côtés de la scène sont éclairés par des faisceaux de lampes fixées sur des planches verticales accrochées aux portants. Toutes ces lampes sont invisibles de la salle.

Royal Court Theatre Grandmaster
Royal Court Theatre Grandmaster

Dans la salle des machines on trouve un tableau de distribution d’où partent les conducteurs principaux. Les lampes de la scène et de la salle sont raccordées à un commutateur spécial ou jeu d’orgue placé dans la coulisse ou au voisinage du trou du souffleur : ce commutateur permet de baisser lentement ou brusquement l’éclat des lampes, depuis l’intensité ordinaire jusqu’à une intensité nulle.

Dans quelques installations très complètes, les herses et la rampe sont munies de trois séries de lampes qu’on peut substituer les unes aux autres : la premières se compose de lampes incolores, la seconde de lampe à verres rouges, la troisième de lampes à verres bleus ; on produit ainsi des effets d’éclairement originaux : incendies, crépuscule, etc.

Pour graduer l’éclairement, les circuits de la salle et de la scène contiennent des résistances artificielle que l’on fait varier par des leviers placés dans le jeu d’orgue : ces résistances sont composées de fils de maillechort tendus côte à côte sur un châssis de fer et séparés par de l’amiante.

Si l’on a recours à trois séries de lampes de diverses couleurs, il faut que tous les circuits de la scène soient installés en triple. Parfois on évite cette dépense en amenant devant les lampes des écrans en gélatine rouges ou bleus.

Quand on veut projeter sur certains personnages ou certaines parties de la scène un vif faisceau de lumière, on se sert de lampes à réflecteur paraboliques, maniées par des machinistes spéciaux. En général, on installe dans les théâtres une seconde machine indépendante de la première et alimentant les lampes strictement nécessaires, afin qu’il n’y ait pas interruption en cas d’accident de la première machine. Des accumulateurs en nombre suffisant peuvent jouer le même rôle.

Author: Rui Serge A.B.